Les différentes problématiques à l’origine de la constitution de ce groupe sont principalement liées à la diminution des solutions phytosanitaires classiques disposant d’une AMM. Le contrôle efficace des populations de bioagresseurs est devenu un véritable challenge pour des horticulteurs qui souhaitent limiter leur impact environnemental et diminuer les risques pour la santé humaine.
Dans le détail les problématiques abordées par le groupe sont :
- la lutte contre les maladies telluriques : en plus de la disparition des produits de désinfection des sols, le changement climatique impacte directement la gestion sanitaire des cultures. Les automnes de plus en plus chauds rencontrés dans la région favorisent 2 phénomènes : d’une part ils fragilisent les plants installés et perturbent l’installation des jeunes plantations et d’autre part, ils sont favorables au développement de champignons pathogènes dans le sol qui fragilisent les racines et entrainent la perte des plants. Le cortège de ces ravageurs est riche et diversifié : Pythium, Rhizoctonia, Fusarium, etc.
- la gestion des adventices : c’est probablement la problématique la plus médiatisée, avec l’homologation du glyphosate qui fait régulièrement les gros titres de la presse… La flore spontanée à l’origine de nombreux problèmes de culture, non maîtrisée elle est à l’origine de phénomènes de compétitions nutritives ou peut favoriser le développement de maladie du feuillage. Dans le cas des cultures de pivoine, un couvert végétal permanent provoque une baisse de productivité. En effet, les caractéristiques isolantes du couvert végétal empêchent le froid de pénétrer dans le sol en hiver. Or, la quantité de froid reçue par les rhizomes est déterminante pour l’induction des bourgeons floraux et impacte également la qualité des tiges produites par les plants.
Enfin certaines espèces ont des racines qui s’enroulent et percent les rhizomes sous le sol, émettent des tiges capables de s’enrouler et de déformer les tiges florales cultivées… c’est le cas du liseron. La mécanisation du travail du sol participe à sa diffusion. Non maîtrisé par la plupart des herbicides et naturellement résistant au glyphosate, sa gestion est particulièrement problématique.
- la lutte contre les pucerons : le changement climatique a également un effet sur la persistance des populations de pucerons qui perdurent maintenant tout au long de l’année. Dans un système en rotation de cultures, cela provoque des dégâts sur les différentes espèces produites et déprécie globalement la valeur des fleurs. À cela s’ajoute leur rôle de vecteur de virus. Potentiellement une attaque de pucerons impacte durablement les rendements et la qualité des cultures.
L’apparition de résistances à certaines molécules utilisées pour maîtriser ces ravageurs, ajoute une difficulté supplémentaire au contrôle des foyers. En plus de cela, commercialement, la présence de pucerons sur les fleurs empêche leur exportation, donc limite la valeur intrinsèque des tiges et diminue le rendement économique des parcelles.
- la lutte contre la cétoine : les cultures de pivoines en plein air sont la cible des cétoines (en particulier la cétoine grise). Ce ravageur a la particularité de se nourrir des organes floraux et entraîne la perte de rendement des parcelles. La lutte habituelle contre ce ravageur peu connu est basée sur l’emploi de lambda-cyhalothrine. Très peu sélectif, cet insecticide impacte tous les insectes y compris les pollinisateurs. La maîtrise des populations de cétoine en période de floraison de pivoine en utilisant une méthode alternative serait plus que bénéfique pour l’environnement.
- la lutte contre les attaques fongiques du feuillage : les attaques de champignons tels que le mildiou et l’oïdium, dont la gestion est difficile, ont conduit à une diminution des surfaces de production de certaines fleurs coupées dont la giroflée. Ces attaques sont un fléau qui remettent en question le modèle économique de certaines exploitations quand leur trésorerie se construit sur des parcelles en giroflée, renoncules et lisianthus.
- la lutte contre les chenilles défoliatrices : comme celles de pucerons, leurs populations deviennent difficiles à maîtriser. Plusieurs raisons à cela : la diminution du nombre d’AMM, l’apparition de résistance aux quelques molécules encore utilisables et une période de présence qui s’étend sur la saison. Capables de provoquer des dégâts importants sur les cultures, leur maîtrise est devenue complexe.
À ces problématiques impactant fortement la qualité des productions, s’ajoute une réelle volonté des horticulteurs de "laisser le pulvérisateur au hangar" et de "passer moins de temps à traiter". L’obligation du certiphyto a considérablement fait évoluer les mentalités en ce qui concerne les risques pour la santé liés à l’utilisation des produits phytosanitaires. Et aujourd’hui la grande majorité d’entre eux se sentent "obligés" de traiter leurs cultures pour assurer la survie de leur entreprise.